Détours de Bresse : C’est une belle histoire d’une construction collective

Les fondations

Des jolis airs d’autrefois, collectés notamment par Agnès et Sylvestre DUCAROY sur le territoire de « La Bresse » (01) et (71) jusqu’à celui de la «Petite Montagne » (39).

Le maître d’ouvrage / La charpente et les murs !

L’association « La Grange Rouge » qui est à l’origine du projet et qui le porte fièrement depuis 2007 jusqu’à aujourd’hui. La structure « La Grange Rouge» qui met à disposition ses locaux et son matériel (Huteau, Petit théâtre, Gîte, sono…). Mention spéciale pour Dominique TROMPILLE

1 er Agencement / 2007-2010

Architecte – Animateur des stages : Patrick BOUFFARD 10 premiers morceaux dont 2 chansons retrouvent leurs couleurs, auxquelles s’ajoutent des teintes actuelles. Un CD est enregistré.

2ème Agencement / 2010-2014

Architectes – Animateurs des stages : Anne-Lise FOY et Stéphane MILLERET. Des chansons supplémentaires s’ajoutent au répertoire.

3ème Agencement / 2014-2024

Animateurs – Architectes des ateliers réguliers : Marie MICHELARD et Jean Pascal PIN. Le répertoire existant perdure tout en s’adaptant et d’autres chansons sont dépoussiérées, parfois avec de nouvelles idées parfois en s’inspirant du premier et des seconds architectes !

4ème Agencement / à venir

Animatrice – Architecte des ateliers réguliers : Magali PERRET

Les habitants

Toutes les personnes qui ont participé aux stages, aux enregistrements, aux ateliers… Les coups de mains : Les bénévoles, les cantinières, les salariés de la Grange Rouge, les sonorisateurs, les organisateurs de concert.

Des membres de MADOHEJ participent aux ateliers intitulés « Détours de Bresse » à la Grange Rouge, c’est pourquoi vous retrouvez le travail de détours de Bresse sur ce site.

Vous pouvez écouter ces airs en cliquant sur le titre de la musique

La bergère aux champs

Une chanson de bergerie sans doute issue de répertoires anciens et qui aurait pu se chanter à la cour de Louis XIV lorsque les nobles se donnaient en spectacle et prenaient des cours de musique.

«Pourquoi toujours des bergers ? On ne voit que cela partout», demandait en 1670, dans Le Bourgeois gentilhomme, M. Jourdain à ses maîtres de musique et de danse. Ce dernier lui répondit: «Lorsqu’on a des personnes à faire parler en musique, il faut bien que, pour la vraisemblance, on donne dans la bergerie. Le chant a été de tout temps affecté aux bergers et il n’est guère naturel que les princes et les bourgeois chantent leurs passions.». Comme en bien des domaines, Molière se moquait là des travers et affectations de son temps.

L’évocation d’une idéale Arcadie permet d’exprimer un amour tendre, sans arrière-pensées, «naturel», selon les conceptions du temps, où même le tourment amoureux est empreint de pureté. Le mythe pastoral est celui d’un âge d’or, d’une société idéale fondée sur l’amour, la paix, l’harmonie, la beauté.

Cette chanson est répertoriée dans « Chansons populaires de l’Ain » de Charles Guillon qui l’a collectée auprès de Jeanne Vugnon à Céyzériat, près de Bourg-en-Bresse au milieu du XIXème siècle.

 Lors des activités de l’Université Rurale Bressane dans les années 1980, Henri Basset de Curciat Dongalon s’est remémoré cette chanson que chantait sa mère en feuilletant ce livre.

Et la transmission perdure !

La Saint Martin

La Saint-Martin était autrefois l’occasion pour les valets et les servantes de ferme de changer de maîtres et de se « louer » à d’autres. Célébrée en Bresse le 11 novembre, cette date correspond encore au versement de certaines redevances telles que les baux et fermages. Elle marque la fin des travaux dans les champs et donc du cycle agricole de l’année. Cette chanson est considérée comme l’une des plus populaires de la Bresse, souvent interprété lors des fêtes de conscrits. Il en existe plusieurs versions. Le thème central, c’est le bouleversement de l’ordre social. Les rôles entre maître et valet sont inversés. C’est aussi la période où l’on déménage, puisque l’on change de patron et que les valets et les servantes quittent une ferme pour une autre…

Noël de Gorrevod

Ce Noël en patois bressan a été écrit  par Charles Emmanuel Borjon de Scellery né à Pont-de-Vaux en 1633. Avocat au Parlement de Paris, il fut l’auteur d’un traité de la musette et d’un manuscrit sur le luth. Il composa ces Noëls en décembre 1684 mais ils ne furent imprimés que longtemps après sa mort en 1738 , puis repris ensuite dans la seconde partie du recueil de Philibert Leduc publié à Bourg-en-Bresse en 1845 : Les noëls bressans de Bourg, de Pont- de-Vaux et des paroisses voisines.

Les noëls en langue régionale ont été un genre en vogue pendant une longue période. Dans l’Ain, les noëls de Brossard de Montaney et de Borjon de Scellery, notables locaux, figurent même parmi les écrits les plus anciens en francoprovençal. D’autres ont été transmis par la tradition orale. Ils témoignent non seulement de la langue parlée dans l’Ain à la fin du XVIIe siècle mais aussi des usages, des pratiques liés à la fête de Noël et, plus largement, des modes de vie dans le département jusqu’au début du XXe siècle.

Généralement associés à des mélodies déjà connues, sur des timbres en vogue, ces noëls étaient chantés à l’église mais aussi dans l’intimité familiale. Dialogués ou non, alternant parfois patois et français, ils présentent les scènes de la Nativité en accentuant le caractère merveilleux de la naissance de Jésus avec Marie et Joseph, les rois mages, les anges, l’étoile annonciatrice. Sont aussi associés les bergers et les habitants des villes, bourgs et hameaux, avec force détails dont certains sont parfois cocasses comme dans le Noël de Bourg où tous les aubergistes sont cités avec leur spécialités.

Gorrevod est un village situé immédiatement au sud de Pont-de-Vaux. Les seigneurs du lieu construisirent un château qui resta dans la même famille pendant cinq siècles, dépendant d’abord de la seigneurie de Bâgé puis du comté de Pont-de-Vaux qui devint duché en 1623. Gorrevod reçut alors le titre de baronnie.

La Maria

En francoprovençal, cette chanson de la Maria courtisée par un bossu ou un boiteux, est très populaire dans toute la région avec de multiples variantes… Elle a été recueillie par Charles Guillon  Prosper Convert en Bresse, Julien Tiersot en Bresse, Bugey, Maurienne…

Georges Delarue la situe tout le sud de la France avec des versions en francoprovençal ou en occitan (Un espace dialectal pour une chanson : la Marion sous un pommier dans « Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, Année 1981, 9-1,pp. 127-145 »)

Selon lui, cette comptine présente la particularité de n’avoir jamais été chanté en pays d’Oïl parce que, dans le nord, l’imparfait en « ait » n’a qu’une syllabe finale, alors que la rythmique de la chanson demande un imparfait en deux syllabes finales (en « ave » ou en « abe ») possible avec le francoprovencal et les langues d’Oc.

Dans cette version, la Maria accepte de se marier avec le bossu et la bosse disparaît comme par miracle. Dans d’autres versions, la belle se nomme Marion, Margariton, Jeanneton….Elle est sous un pommier, un poirier, un rosier. Elle se dandine, se balance, prend l’ombre ou le soleil. Passe un bossu ou un boîteux. Celui-ci lui propose d’être sa mie ou la demande en mariage. Elle est trop jeune ou trop petite ; l’homme est trop laid pour qu’elle accepte. Il faut couper la bosse. Soit le bossu le fait lui-même, soit il part et refuse l’amputation,soit c’est la belle qui lui coupe puis lui recolle ou non selon les histoires. 

Peut-être avez-vous la vôtre ?

Les noisettes

Autrefois, les jeunes garçons allaient rendre visite aux jeunes filles et celles-ci leur offraient des noisettes, symbole d’amour et de fécondité en lien avec les rites du mariage et du baptême.

Ainsi, on jetait les noisettes aux enfants devant le parvis de l’église après un baptême. Cette symbolique se retrouve aujourd’hui dans les dragées aux amandes (ce ne sont plus des noisettes) offertes pour ces occasions.

Boncha

La chanson originale nous a été transmise par Victor Dagot, joueur d’accordéon diatonique de la Petite Montagne et qui la donnait comme une chanson bressane provenant du village de Marboz dans l’Ain. Les paroles sont en patois bressan ou francoprovençal.

Cette chanson  raconte les veillées pendant lesquelles les jeunes se côtoyaient et dansaient sous le regard des parents et des « intrigants dans la chambre du poêle ». Autrefois, c’étaient les parents qui choisissaient les futurs conjoints de leurs enfants. Ce qui était important, c’était l’origine, la renommée de la famille, mais aussi les qualités personnelles de chacun et chacune. Ainsi, les futures belles-mères observaient et scrutaient les jeunes filles afin de faire le « bon choix ».

Pierrick Brunet a adapté une nouvelle mélodie pour ces anciennes paroles, une musique répétitive, comme une incantation qui met en exergue les sonorités du patois. 

Polka Badina

Badinage, plaisanterie et querelle amoureuse dialoguée et accompagnée de geste entre une cavalière Margot et son cavalier Toinot à prendre au second degré… Cette polka jouée anciennement par les groupes folkloriques de Romenay et de Louhans est aussi connue sous le nom de polka des bébés dans une version légèrement différente pour la seconde partie. 

La polka est une danse originaire de l’est de l’Europe à deux temps, de tempo assez rapide, aux rythmes bien articulés. Dans la seconde moitié du  XIXème siècle  à l’instar des autres danses de couple, elle se popularise progressivement et devient l’apanage des groupes régionalistes à la fin du XIXe siècle C’est ainsi que cette danse se retrouve en Bresse sous la dénomination octroyée par Maublanc de Polka Badina ou l’Aimablia Queralla (littéralement, l’aimable querelle). En réalité, il s’agit d’une compilation de deux danses particulièrement similaires que sont la badoise et la polka. Toutes les deux se dansant en présence d’un cavalier et de sa dame, la première étant réservé essentiellement aux enfants. Joseph Maublanc, originaire de Sagy fait en conséquence appel à ses propres souvenirs pour façonner une polka associée au patrimoine chanté et dansé dans son village, en 1885.

Cet exemple permet d’illustrer le processus initié par les folkloristes qu’ont été Joseph Maublanc ou Prosper Convert en Bresse lors de la transcription d’une mélodie ou d’un chant. La version voulue comme « définitive » de la polka bressane est la réécriture d’une Badoise et sera fixé ainsi par les groupes folkloriques locaux.

Dépoussiérons ces airs pour qu’ils vivent et se transforment de nouveau au gré des musiciens et chanteurs…

C’est ensemble nous concertons

Pendant le COVID, période où nous ne pouvions nous retrouver pour les répétitions de Détours de Bresse, Marie lance un appel à écriture. Irène propose des paroles : C’est ensemble que nous concertons qui rappelle l’ensemble des thèmes des chansons interprétées dans Détours dans une forme poétique et pleine d’humour. .


Marie et Jean-Pascal recherchent la mélodie qui pourrait convenir et font le choix du Branle de Lugny issu du Traité de la musette de Borjon de Scellery, originaire de Pont de Vaux. Ce traité publié en 1672, propose une méthode pour apprendre à jouer de la musette de cour avec plusieurs branles dont ce branle de Lugny ainsi qu’un branle de Bresse encore très connu aujourd’hui.